La Révolution : la révolte des Fouesnantais à Kerbader
Elle marque le début des affrontements en Bretagne.
Alain NEDELEC est né à PLEUVEN en 1758. Il se marie en 1780 avec Catherine CARADEC, et s'installe au COSQUER chez Tanguy CARADEC son beau-père, riche laboureur de Fouesnant.
Le 21 décembre 1791, il est élu juge de paix du canton de FOUESNANT.
Sitôt investi dans ses nouvelles fonctions, il refuse de les remplir, prétextant qu'il n'a pas reçu de brevet signé de la main du Roi comme cela se pratiquait pour « les gens des villes ». Son inaction s'avère gênante pour les justiciables, ceux-ci ne pouvant plus obtenir de décrets de mariages par exemple. Des particuliers déposent des plaintes. Il est condamné à payer une amende, dont il refuse de s'acquitter : la saisie de ses biens est donc ordonnée.
Le 4 juillet 1791, l'huissier POTTIER vient saisir les biens de Alain NEDELEC, mais il est arrêté par des paysans armés de bâtons à quelques kilomètres de la ferme.
Le 22 juillet 1791, l'huissier revient accompagné de cinq gendarmes de la brigade de QUIMPER. Arrivé au COSQUER, il indique à Aain NEDELEC l'objet de sa visite,et apparait alors Tanguy CARADEC. Il déclare être le chef de la rébellion et avoir deux cents hommes à son service. Aussitôt des hommes armés de bâtons, crocs, fourches et fusils arrivent ; l'huissier sera dans l'obligation de quitter les lieux.
Le 28 juillet 1791, le tribunal assigne à comparaitre Tanguy CARADEC. Une troupe de deux cent cinquante gendarmes se rendent au COSQUER et l'arrête. Alain NEDELEC prend la fuite. Tanguy CARADEC reste un mois en prison. Le 15 septembre 1791, la loi d'amnistie annule la procédure.
Alain NEDELEC refuse toujours d'exercer son mandat. L'administration du département organise de nouvelles élections le 30 avril 1792 en l'Eglise de FOUESNANT. Une trentaine d'hommes armés viennent arrêter l'assemblée et frappe le procureur de QUIMPER François ABGRALL.
Le 21 mai 1792, une nouvelle élection est organisée qui se solde par un nouvel échec.
Le 8 juillet 1792, Alain NEDELEC et ses partisans se rassemblent en armes à KERBADER. N'ayant pas suffisamment d'armes à feu, ils vont ordonner aux douaniers de BEG-MEIL, aux châteaux de CHEFFONTAINE et de PENFOULIC d'en fournir.
Le directoire du département va être prévenu par le maire de FOUESNANT. Dès lors, cent cinquante hommes de la garde nationale de QUIMPER, quinze gendarmes et un canon marchent sur FOUESNANT.
Le 9 juillet 1792, Alain NEDELEC, accompagné de plus de mille hommes, monte sur FOUESNANT. La troupe bloque le bourg.
Le 10 juillet 1792, la bataille éclate à Pen Allen (aujourd'hui route de la Forêt-Fouesnant). L'armée déclare trente blessés et un mort. La légende veut que ce soit Alain NEDELEC qui l'ait tué d'une balle en pleine tête. Le bilan pour les révoltés est plus lourd : on compte quatre-vingt blessés, cinq morts et vingt-trois prisonniers. Mais Alain NEDELEC réussit à s'enfuir.
Le 2 décembre 1792, jour de l'assemblée pour une nouvelle élection d'un juge de paix, le maire voit Alain NEDELEC arriver au bourg. Il va l'attirer avec l'aide d'autres personnes dans la sacristie de l'église Saint Pierre. Alain NEDELEC sort un pistolet de sa poche, il est désarmé et arrêté.
Du 7 décembre 1792 au 23 janvier 1793, il est interrogé. Le tribunal voudrait connaitre le nom de son conseiller . Alain NEDELEC dira qu'il n'a pas tiré le 10 juillet et ne pas avoir donné l'ordre de combattre.
Le 16 mars 1793, il est condamné à mort.
Le 20 mars 1793, il est guillotiné à QUIMPER.
Il avait 35 ans, laissait une veuve et cinq enfants.
Il sera le seul guillotiné en Bretagne pendant la révolution française.